
Quelle est la légende d'Excalibur, l'épée du roi Arthur ?
Roi mythique, fondateur de la table ronde, fédérateur du peuple breton... si le roi Arthur est connu pour les qualités de son règne, ses exploits et la quête du Graal, il l'est avant tout pour son épée magique. Mais quelle est la légende d'Excalibur ? Quelles sont ses propriétés ?
Pour résumer cet article aux plus jeunes :
Excalibur est l'épée du Roi Arthur, offerte par la dame du lac
Elle flamboie et fait le bruit du tonnerre
Couplée à son fourreau, elle rend son détenteur invincible
Elle a aidé Arthur à fédérer la Bretagne et à vaincre les envahisseurs germaniques
Morgane a volé le fourreau pour rendre Arthur vulnérable avant son dernier combat contre Mordred
Lorsqu'Arthur est mortellement blessé et mené à Avalon (paradis celtique), l'arme est rendue aux dieux
Bien plus qu'une simple "arme blanche", Excalibur est un véritable artéfact qui a marqué le folklore celtique et marque encore aujourd'hui la culture populaire. Du film de 1981 au dernier spectacle du Puy du Fou "L'Épée du Roi Arthur", explorons ensemble ce qui rend cette lame si spéciale.

Une épée flamboyante...
Donner un nom à une épée, quelle pratique amusante, non ? Pourtant, il ne sort pas de nulle part ! Sa racine gaélique, "caot", et celle latine, "calor", s'accorde pour lui conférer un même qualificatif : sa chaleur. D'après le texte gallois "Le songe de Rhonabwy", deux serpents en or auraient été gravés sur sa lame et, lorsqu'on la dégaine, deux flammes semblent sortir de leur gueule.
Deux serpents qui crachent du feu ? Cela se rapproche du dragon. Un animal mythique qui a un rôle important dans l'iconographie celtique et que l'on retrouve souvent sur les fourreaux d'épées. Au-delà de la puissance qu'il incarne, il servait à représenter la souveraineté et le pouvoir.

... et une arme divine
Excalibur n'a rien d'une épée ordinaire. En plus de jeter une grande clarté et de flamboyer, elle fait le même bruit que le tonnerre, symbole représentant la foudre des dieux. Elle est capable de trancher toutes les matières et est incassable. Couplée à son fourreau, qui aurait la propriété de protéger son porteur de toute blessure, ce sont deux reliques qui rendent leur porteur invincible sur le champ de bataille.
Cet artéfact n'est pas sans rappeler l'un des talismans apportés en Irlande par les Tuatha De Danann, des dieux de la mythologie celtique. Elle est assimilable à l'épée du roi et dieu Nuada, qui est elle aussi capable de trancher le fer comme l'acier. On peut également la relier à Tison (ou "Tizón"), l'épée aux pouvoirs surnaturels du Cid, ou encore l'arme flamboyante de l'archange Michel.
Quelle est l'origine du mythe d'Excalibur ?
Intrinsèquement lié au folklore celtique, le mythe d'Excalibur s'est étoffé au fil des siècles et des récits. Bien qu'il soit complexe de trouver des traces anciennes, les récits étant généralement contés à l'oral, au coin d'un feu ou lors de rassemblements, on détient tout de même quelques textes, écrits en langue galloise, qui permettent de rassembler des indications de son influence.

"Culhwch ac Olwen", un conte gallois médiéval
Ce conte est une référence de la littérature galloise médiévale et également l'une des sources les plus anciennes mentionnant le roi Arthur et sa cour.
Dans cette histoire, Culhwch est maudit par sa belle-mère qui l'ensorcèle pour le punir d'avoir refusé d'épouser sa fille. Ce mauvais sort lui impose d'épouser Olwen, la fille d'un géant maléfique, qui prévoit une quarantaine d'épreuves, supposées insurmontables à qui convoite sa fille. Culhwch requiert l'aide de son cousin, le roi Arthur, qui vient accompagné de six de ses meilleurs hommes pour le soutenir.
Si l'histoire se termine bien : Culhwch vient à bout du géant maléfique et épouse Olwen, c'est aussi la première mention écrite d'Arthur et d'une épée. Elle n'a pas encore de nom, mais c'est déjà un objet symbolique de son pouvoir.

Une relique devenue référence de la littérature médiévale
Dès leur parution au XIIème siècle et jusqu'au XIVème siècle, les textes du cycle arthurien se répandent dans la société médiévale, très appréciés pour leur représentation des exploits chevaleresque, de l'honneur avec un grand H et de l'amour courtois (comme on peut par exemple le lire dans "Tristan et Iseult" ou avec la romance adultère entre Lancelot du Lac et la reine Guenièvre).
Wace mentionne l'arme dès 1155 dans son "Roman de Brut", puis c'est au tour de Chrétien de Troyes qui décide de la nommer "Excalibur".

Excalibur, l'épée des rois ?
C'est Robert de Boron, dans son roman "Merlin", qui introduit une seconde épée, coincée dans un rocher. Qualifiée d'"épée des rois", cette lame ne peut être retirée de son étau que par le roi légitime du royaume de Logres. C'est là qu'intervient Arthur, jeune écuyer qui l'arrache sans faire exprès.
C'est sa première épée, qu'il utilise pour faire reconnaître sa légitimité en tant que souverain. Mais celle-ci se brise lors d'un combat contre le chevalier Pellinore. Nous avons donc deux épées bien distinctes qui se sont malheureusement mêlées au fur et à mesure que les siècles et les artistes ont donné leur version de l'histoire.

La légende d'Excalibur, entremêlée à celle d'Arthur
Lorsque l'épée des rois se brise, Merlin l'enchanteur demande à la fée Viviane, dont il est fou amoureux, d'offrir au roi une nouvelle arme. Elle rapporte Excalibur, dont le métal enchanté est si dur qu'il peut tout trancher. Le souverain du royaume de Logres devient le gardien de cette arme magique, forgée dans les profondeurs du royaume des anciens dieux, par les fées elles-mêmes.

Une arme qui rend invincible
Accompagnée de son fourreau, Excalibur rend Arthur invincible. Avec leur aide et la force de sa détermination, il a réuni et pacifié les deux Bretagnes (divisée entre les îles bretonnes, actuelle Grande Bretagne, et la Bretagne dite "Armoricaine") afin de lutter contre les attaques des envahisseurs germaniques.
Malheureusement, la puissance de cette arme est connue de ses ennemis. Ainsi, avant la bataille de Camlann qui oppose le roi et Mordred, Morgause (ou Morgane dans les versions plus récentes) vole le fourreau d'Excalibur, rendant le roi vulnérable.
Le retour d'Excalibur au royaume des dieux
Le coup fatal qu'il reçoit, ainsi privé de la protection de l'arme, scelle la fin de l'histoire du roi Arthur. Aux portes de la mort, avant d'être conduit à l'île d'Avalon (paradis celtique) par la fée Morgane, il demande à Bedivère de jeter Excalibur dans un lac afin de la renvoyer d'où elle vient.
Le chevalier s'exécute et deux mains sortent de la surface de l'eau pour se saisir d'Excalibur. La légende voudrait que ce soit la dame du lac qui l'ait récupérée afin de la rendre aux dieux. Comme dans de nombreuses mythologies à travers le globe, le lac représenterait l'un des passages vers l'Autre Monde et serait ainsi une porte vers le royaume des dieux.
Ainsi, Excalibur est bien plus que l'épée du roi Arthur. Elle fait partie des regalia, des objets sacrés qui sont liés à l'exercice d'un pouvoir royal. Elle est le signe de la souveraineté d'Arthur et rappelle à tous son lien avec les dieux. Tout comme l'épée du guerrier celte qui devait accompagner son propriétaire jusque dans la tombe, elle est rendue aux dieux dès le trépas du roi, le rejoignant dans le royaume céleste.