
Le roi Arthur, un mythe ou une réalité ?
Célèbre personnage à mi-chemin entre folklore et histoire, qui n'a jamais entendu parler de ce héros si emblématique ? Véritable souverain breton ou légende élevée au rang de vérité, remontons ensemble à la source des cycles arthuriens et explorons les multiples versions qui tissent la légende du roi Arthur.
Pour résumer cet article aux plus jeunes :
Roi mythique du VIème siècle de notre ère, nous n'avons pas de preuve formelle de l'existence d'Arthur
La légende était d'abord orale avant d'être couchée par écrit au XIIème siècle, la référence littéraire française est Chrétien de Troyes
Fils d'Uther Pendragon et d'Ygerne de Cornouailles, protégé de Merlin, il a épousé Guenièvre et a été tué par Mordred
Elu des dieux, il est l'unique détenteur de l'épée magique : Excalibur
Fondateur de l'ordre des chevaliers de la table ronde

L'origine du roi Arthur
Dans le folklore celtique, Arthur est un roi du VIème siècle de notre ère. Il est connu pour sa lutte contre les envahisseurs germaniques venus de Saxe et pour avoir unifié le peuple breton. Il est également le père de la civilisation anglo-saxonne.
Et s'il s'ancre si bien dans la mythologie celte, c'est également parce que ses exploits reprennent les codes de ceux de nombreux héros à travers le globe. On attribue au souverain une douzaine de victoires contre les Saxons, toutes dispersées aux quatre coins de la Bretagne romaine (qui correspond à l'Angleterre, l'Ecosse et le Pays de Galle actuels). Qui d'autre à eu à réaliser douze travaux ? Vous l'avez deviné. D'Héraclès (ou Hercule chez les Romains) à la légende du roi Arthur, il n'y a, finalement, qu'un pas.
D'un récit oral à l'écriture d'une légende
Aujourd'hui, la légende arthurienne fait partie intégrante de notre culture. Que cela soit au travers de la littérature, du cinéma, des chansons ou des arts du spectacle. Des écrits de Chrétien de Troyes au grand spectacle "L'Epée du Roi Arthur" du Puy du Fou, comment la légende est-elle parvenue à s'immortaliser ?

Le roi Arthur a-t-il vraiment existé ?
La réponse à cette question est complexe. Comme toutes les légendes, celle-ci s'est d'abord répandu à l'oral. Contes narrés ici et là, balades chantées par des bardes... les mythes ont su prendre diverses formes pour ne pas périr. Mais c'est également ce qui rend la recherche si complexe : il n'y a pas de preuve historique de l'existence d'Arthur. Ce n'est que six siècles après les exploits supposés de ce personnage que les premiers écrits ont vu le jour. Six cents ans de discours oraux qui se sont malheureusement perdus au fil des âges.
Le roi Arthur tel que nous nous le représentons n'aurait probablement pas existé, mais, selon les estimations des historiens, il pourrait être inspiré du général britto-romain Artorius, bien qu'aucune preuve ne relie les exploits du folklore à ceux du général.
Dès 814, le prénom Arthur se répend en Bretagne armoricaine, signe que les légendes commençaient déjà à circuler. Une théorie étayée par les mentions du souverain dans les rares poèmes, contes ou chroniques en langue galloise qui racontent la romanisation et la christianisation de la Grande-Bretagne.

Le roi Arthur dans la littérature française
Avant de devenir une figure si emblématique de l'amour courtois et de la littérature française, le roi Arthur a beaucoup évolué au fil des siècles et des plumes.
D'un roi guerrier fédérateur...
Il faut remonter au XIIème siècle pour trouver la première source écrite du personnage dans le livre de Geoffroy de Monmouth "Histoire des rois de Bretagne". Il y est décrit comme un roi fédérateur qui est parvenu à unifier un empire allant de l'île de Bretagne jusqu'aux terres scandinaves (Islande, Norvège et Danemark) sans oublier sa conquête de l'Irlande et d'une partie de la Gaule.
Bien qu'on ne sache pas quelle proportion de cette œuvre est issue de l'imagination de Geoffroy ou laquelle provient des anciennes croyances, on y perçoit déjà un Arthur guerrier, défendant ses terres contre des Hommes et des ennemis surnaturels du folklore celtique. C'est aussi dès ce premier texte qu'on retrouve des personnes ou éléments qui sont aujourd'hui inhérents à la légende arthurienne, tels que Uther Pendragon, Merlin l'Enchanteur, l'épée Excalibur, la retraite d'Arthur à Avalon, sa dernière bataille contre Mordred ou encore sa naissance à Tintagel.
... à l'incarnation de l'amour courtois et des valeurs de chevalerie
Bien qu'il soit le premier à coucher sur papier les exploits d'Arthur, Geoffroy de Monmouth n'est pas l'écrivain que la littérature française retient. C'est Chrétien de Troyes et les intrigues secondaires qu'il incorpore qui sont considérés comme récits fondateurs. Tristan et Iseult, Lancelot du Lac, les chevaliers de la table ronde... ces personnages sont désormais incontournable lorsqu'on mentionne la légende du roi Arthur. Celle-ci prospère tout au long du Moyen-Âge, où elle devient petit à petit symbole de l'amour courtois et des valeurs chevaleresque. Des emblèmes qui se perdent dans les siècles suivants, avant de revenir à la mode au XIXème.
Le mythe se positionne désormais comme un incontournable de la littérature et de la pop culture, que ce soit à l'échelle locale ou internationale.

Quelle est l'histoire du roi Arthur ?
Même si le manque de sources d'époques et les discordances entre les écrivains rendent la vie du roi Arthur compliquée à comprendre, on parvient tout de même à tracer les grandes lignes de son destin iconique. Le point de départ, lui, reste le même : la Bretagne romaine est envahie depuis des dizaines d'années par des peuples germaniques Angles et Saxons qui occupent une partie de l'île.
La naissance d'une légende
Dans le roman de Geoffroy de Monmouth, Uther Pendragon, le père du roi Arthur, tombe fou amoureux d'Ygerne (ou Ygraine), la femme du duc de Cornouailles. Ses relations avec le noble s'enveniment et une guerre éclate. Avec l'aide de Merlin, Uther prend l'apparence du duc (ou se barbouille le visage, selon les sources) pour tromper Ygerne et la séduire.
Sous les conseils de l'enchanteur, Uther cache le subterfuge et, de leur union, naît un enfant que l'enchanteur récupèrera après sa naissance. D'autres versions, plus récentes, prétendent qu'Arthur aurait été recueilli par un couple de paysans, qui l'auraient élevé avec leur fils Keu. Quoi qu'il en soit, retenons que le futur roi ne connaît rien de ses origines lors de l'enfance.

L'avènement d'un roi
A la mort d'Uther Pendragon, le royaume est sans héritier. Sans surprise, les nobles se déchirent pour savoir qui va prendre le trône. Alors que les funérailles s'achèvent, une épée est enfoncée dans un rocher (ou une enclume) sur le parvis de l'église. Sur son socle, on peut y lire que seul le vrai roi légitime, élu des dieux pourra l'arracher de son étau. Vous l'aurez compris, c'est ici que l'épée des rois fait son apparition. Beaucoup de chevaliers tentent de la récupérer, mais seul un jeune adolescent y parvient. Il s'agit d'Arthur.
Dans certaines version, c'est Merlin qui va le chercher et le conduit jusqu'à l'épée, dans d'autres, c'est en voulant remplacer l'épée de Keu, dont il est l'écuyer, qu'il récupère par hasard celle enfoncée dans la pierre. Les réactions varient. Parfois, la noblesse refuse de le reconnaître et c'est l'intervention de Merlin qui permet de révéler son ascendance royale. Dans d'autres récits, il a découvert ses origines et les révèle sur le parvis, rapidement soutenu par Merlin et Ygerne.
Mais attention, l'épée des rois est bien différente d'Excalibur ! Il n'obtient son épée magique que bien plus tard, après que Merlin en ait fait la demande à la Dame du Lac.

La quête du Graal et la fondation de la table ronde
Comment parler de la légende arthurienne sans mentionner le Graal, la table ronde et ses chevaliers ?
La table ronde, une confrérie de chevalerie
Si certaines versions du récit replacent la construction de cette table au temps d'Uther Pendragon, Chrétien de Troyes, lui, en donne la paternité à Arthur. Il aurait demandé un meuble, de forme circulaire, afin de pouvoir réunir ses chevaliers autour sans faire de distinction entre eux. Elle est donc un lieu où l'ordre se réunit, où les aventures sont racontées et où la valeur de l'homme n'est plus dépendante de son rang.
Découvrir la légende des chevaliers de la table ronde
Le Graal, la quête épique d'une relique
D'une coupe mythique à une relique sacrée, il a fallu attendre Robert de Boron pour que le Graal se soumette aux codes moyenâgeux du christianisme. Symbole d'immortalité, le Graal devait apporter au royaume paix et prospérité.
Selon les versions, c'est soit Galaad, Perceval ou Bohort qui l'ont rapporté à Camelot. Au-delà d'une bénédiction pour le royaume de Logres, c'est avant tout un moyen pour les chevaliers de se démarquer et de prouver leur valeur. Car, quiconque est assez pur pour trouver le Graal, pourra s'asseoir sur le treizième siège de la table ronde, laissé vaquant.
Arthur, Guenièvre et Lancelot, un triangle amoureux
Après une série de victoires en Gaule contre les envahisseurs, Arthur épouse Guenièvre, fille du roi de Carmélide. Leur relation est développée par des auteurs postérieurs à Geoffroy de Monmouth et finie par devenir une figure clé de l'amour de courtois. C'est notamment la romance entre la reine Guenièvre et Lancelot du Lac, l'un des chevaliers les plus proches d'Arthur, qui devient la cause principale de la chute du cycle arthurien.
La mort du roi Arthur
Dans certaines versions, la demi-sœur d'Arthur, dotée de pouvoir maléfiques, décide de venger Ygerne de la duperie d'Uther. Elle revêt les traits de Guenièvre pour abuser du roi et donne naissance à Mordred. D'abord, Arthur essaie de tuer ce fils incestueux sans parvenir à s'y résoudre. Il perd ensuite sa trace et l'enfant, devenu adulte, prend part à la cour du souverain.
En tant que chevalier, il gagne de l'importance auprès de son suzerain avant de le trahir. C'est de la main de Mordred que mourrut Arthur, lors de la bataille de Camlann, avant d'être conduit par la fée Morgane jusqu'à Avalon, île légendaire parfois associée au Walhalla de la mythologie nordique.
En conclusion : le roi Arthur, un mythe sur fond de réel
Vous l'aurez compris, il y autant de légendes qu'il existe d'auteurs s'étant exprimés sur le sujet. Entre les films, les livres ou les contes murmurés au coin du feu, le souverain a su stimuler l'imagination de plus d'un artiste au fil des siècles. Du roman "Histoire des rois de Bretagne" au dernier spectacle du Puy du Fou, il est une figure emblématique qui évolue selon les siècles, les perceptions et les représentations.