Comment est mort le roi Arthur ?
Le cycle arthurien regroupe de nombreux récits et histoires qui ont enflammé le Moyen-Âge et ont su prospérer jusqu'à aujourd'hui. D'une figure royale à l'image mystique d'une divinité, Arthur est un héros dont les exploits ont inspiré bien des personnages à travers les siècles. Mais qu'est-ce qui l'a conduit à la bataille de Camlann, lors de laquelle il a perdu la vie ?
Pour résumer cet article aux plus jeunes :
Arthur est un roi breton légendaire du VIème siècle
La fin de sa vie est marquée par la trahison de sa femme Guenièvre avec Lancelot, l'un de ses meilleurs chevaliers et amis les plus proches
Arthur meurt lors de la bataille de Camlann, qui l'oppose à son fils Mordred, après avoir reçu un coup à la tête et achevé son adversaire
Il est conduit à Avalon, le paradis celtique, par la fée Morgane
Les rois anglais se sont servis de rumeur autour de sa tombe pour asseoir leur légitimité et rappeler leurs liens avec le mythique seigneur des Bretons
Qui était le roi Arthur ?
Roi légendaire du VIème siècle, Arthur Pendragon est connu pour avoir fédéré les peuples de Bretagne, pour ses nombreuses conquêtes et pour sa lutte contre les envahisseurs germaniques. Il est également le fondateur de l'ordre mythique des chevaliers de la table ronde.
La destinée épique d'un roi
Fils du roi Uther Pendragon et d'Ygerne de Cornouailles, sa conception est le fruit d'une duperie lors de laquelle Uther se fait passer pour le mari d'Ygerne, déguisé grâce aux enchantements de Merlin. Arthur passe sa jeunesse dans l'ignorance, jusqu'à ce que, après le décès d'Uther, il finisse par apprendre son ascendance. Il retire l'épée des rois, plantée dans un rocher, qui ne peut être arrachée que par l'héritier légitime du royaume de Logres.
Il monte ainsi sur le trône et gagne ses premiers soutiens, tels que Léodagan, roi de Carmélide et père de Guenièvre, qu'Arthur épousera par la suite, malgré les avertissements de Merlin, qui le prévient que la reine causera sa perte.
Le fondateur des chevaliers de la table ronde
Il fédère les deux Bretagnes (comprenant les îles et la partie armoricaine), lutte contre les envahisseurs germaniques, étend son royaume jusqu'aux contrées scandinaves... Ses exploits sont nombreux. Mais s'il y a bien un élément de la légende arthurienne qui marque les esprits, ce sont les chevaliers de la table ronde et la quête du Graal.
Le mythe voudrait qu'Arthur ait commandité une table circulaire afin de s'assurer que tous ses chevaliers, dévoué à son règne, à la prospérité du royaume et à la quête de ce fameux Graal, soient égaux, indépendamment de leur rang. C'est avant tout un lieu qui réunit les meilleurs chevaliers et leur offre la possibilité de narrer leurs faits d'armes.
La mort du roi Arthur : chute, conflits et mythification d'un héros
Si Chrétien de Troyes à étendu la légende arthurienne et développé de nombreuses intrigues secondaires, telles que la relation adultère entre Lancelot du lac et la reine Guenièvre, le mythe de Tristan et Iseult ou encore les exploits d'Yvain, le chevalier au lion, c'est en 1230 qu'un auteur anonyme publie "Mort le Roi Artu". Plus communément appelé "La Mort du Roi Arthur", cet ouvrage relate en détail ce qui a mené Arthur à son dernier combat contre Mordred.
La trahison de Lancelot : le début de la fin
"La mort du Roi Arthur" se place dans la continuité de la série de romans "Lancelot-Graal", commencée par Chrétien de Troyes avec son "Lancelot en prose" et achevée par "La Quête du Saint Graal", d'un auteur anonyme. On y suit Agravain, l'un des frères de Gauvain, qui dénonce la trahison de Lancelot et Guenièvre à Arthur. Si, en premier lieu, le roi se refuse à accorder foi à ces propos, il finit par y être contraint lorsque les deux amants sont surpris, au lit, par trois chevaliers de la table ronde, dont Agravain et Mordred. Contraint de prendre des mesures, Arthur condamne Guenièvre au bûcher, tandis que Lancelot parvient à prendre la fuite. En réalité, le roi compte sur le "chevalier blanc" pour revenir sauver la reine de son funeste destin.
Lancelot intervient bien, mais, dans le combat, il tue deux des frères des Gauvain. Fou de rage, celui-ci incite son souverain à déclarer la guerre à Lancelot. Le roi le poursuit donc, laissant son château à la garde de Mordred. Finalement, Gauvain vainc Lancelot et lui laisse la vie sauve, lui pardonnant ses meurtres par la même occasion.
Qui a tué le roi Arthur ?
C'est Mordred, chevalier de sa cour et fils incestueux qu'il a eu avec Morgause (confondue avec Morgane dans les versions les plus récentes), qui a tué le roi des Bretons.
Lorsqu'il a appris que Mordred revendiquait son trône et sa femme, Arthur est retourné précipitamment à Camelott l'affronter. Morgause profite de son retour pour voler le fourreau d'Excalibur qui, additionné à l'épée, octroie à son porteur une protection à toute épreuve. C'est lors de la bataille de Camlann (ou bataille de Salisbury) qu'il mène son ultime combat. Après avoir reçu un coup à la tête, il transperce Mordred de sa lance et parvient à le tuer. Mais sa blessure est plus importante qu'il ne le pensait...
Le départ d'Arthur pour Avalon
Mortellement blessé, il est conduit par la fée Morgane jusqu'à l'île d'Avalon. Royaume de Morgane et de ses huit sœurs, toutes enchanteresses, il est la version celte du paradis. Son nom signifie "la pommeraie" et, à l'instar des pommes du jardin d'Hespérides de la mythologie grecque, c'est un fruit qui symbolise l'immortalité dans le folklore celtique.
Les textes restent assez vagues sur la survie, ou non, d'Arthur. Ce flou, entièrement volontaire, contribue à la mythification du roi légendaire. Il a entretenu, à travers les siècles, la croyance que le fédérateur des Bretons, conquérant de 12 royaumes, reviendrait un jour sur terre retrouver son peuple.
La chute prédictible d'un royaume ?
Au fur et à mesure que la légende arthurienne s'étoffe et que les auteurs sont de plus en plus nombreux à livrer leur propre interprétation des mythes, les récits développent un lien étroit avec la religion chrétienne. C'est notamment à partir de l'intervention de Robert de Boron que quête du Graal et chrétienté s'entremêlent.
Si Geoffroy de Monmouth, Wace ou encore Chrétien de Troyes conféraient une prospérité à toute épreuve au royaume de Logres, ces textes offrent une nouvelle perspective sur la chute du royaume : Camelott est déjà à bout de souffle, les chevaliers décimés par la quête du Graal, les héros ont vieilli, l'atmosphère de la cour du roi est détruite par des jalousies et des rivalités intempestives... Si la fatalité du destin d'Arthur reste la même, l'écroulement du royaume de Logres est, quant à elle, conditionnée par la dégénérescence de l'ordre de la Table Ronde et ensuite achevé par la mort du roi.
La tombe du roi Arthur, bien plus qu'une sépulture
Au-delà d'un roi épique, Arthur est devenu un symbole de la puissance bretonne. Il est une légende qui s'ancre à la fois dans le folklore français et anglais.
Une tombe retrouvée ?
En 1155, l'auteur Wace traduit l'œuvre de Geoffroy de Monmouth "Histoire des rois de Bretagne" et y ajoute sa propre vision de l'histoire du roi Arthur, qui est d'ailleurs le sujet majeur de son "Roman de Brut". Avec le succès de ce récit, le roi anglais Henri II comprend rapidement qu'il y a matière à servir ses intérêts. Il souhaite faire du souverain un ancêtre de la dynastie anglaise qui appuiera leur légitimité. Il lance donc des recherches.
C'est sous le règne de Richard Cœur de Lion, fils d'Henri II et d'Aliénor d'Aquitaine, que les sépultures d'Arthur et Guenièvre auraient été retrouvées à l'abbaye de Glastonbury. L'abbé Giraud de Barri se sert de cette découverte pour associer son abbaye avec la mythique île d'Avalon.
Quand mythe et histoire s'entremêlent
Comme a pu le faire Charlemagne avant eux, cette stratégie est surtout une tactique de la part des souverains anglais pour s'associer à un roi emblématique de leur folklore et de rappeler qu'ils marchent dans ses pas. Une technique qui semble payer puisqu'on raconte que, lors de la troisième croisade, Richard Cœur de Lion aurait brandi une épée aussi flamboyante qu'Excalibur, renforçant l'association entre lui et Arthur.
Ce souvenir d'Arthur et de l'histoire d'un royaume breton ayant mis à genoux de nombreux pays permet de réhabiliter les exploits de ce peuple et de justifier la politique d'expansion que mène l'Angleterre pour maintenir sa puissance à l'échelle de l'Europe.
Encore aujourd'hui, le destin épique d'Arthur fascine, questionne et donne libre cours aux interprétations. Sa mort reste mystique, enveloppée des ombres dont se drapent les mystères qui intriguent le plus les foules. Qu'il ait réellement existé ou non, il reste une figure emblématique qui a laissé une empreinte indélébile à travers les siècles.
